La désinstitutionnalisation et ses nouveaux métiers : l'exemple des « référentes parcours » dans la formation professionnelle de stagiaires reconnu.e.s handicapé.e.s
Michaël Segon  1, *@  , Jérôme Bas  2@  
1 : Céreq
Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq)
2 : Céreq
Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq)
* : Auteur correspondant

Cette proposition de communication repose sur l'observation d'un dispositif expérimental lancé en 2019 et qui entend «sécuriser» les parcours de formation professionnelle des personnes ayant une reconnaissance administrative d'un handicap. Pour ce faire, des « référentes parcours » (6 femmes actuelement) coordonnent l'accompagnement des stagiaires accueilli·e·s dans des organismes de formation de droit commun. Le dispositif s'inscrit dans un processus de désinstitutionnalisation de la prise en charge des personnes dites « handicapées » et en recherche d'emploi. Il est attendu de ces professionnelles qu'elles fassent le lien entre le ou la stagiaire, son organisme de formation et les intervenant·e·s médico-sociaux de l'équipe pluridisciplinaire susceptibles d'être mobilisé·e·s durant la période de formation. Ces « référentes parcours » sont des salariées des deux Établissements et Services de Réadaptation Professionnelle (ESRP) de la région dans laquelle ce dispositif est déployé. 

La communication vise à proposer une analyse du processus de constitution et de pérennisation d'une équipe mobile de « référentes parcours » sur le territoire étudié. Nous interrogerons d'abord les façons dont les dirigeant·e·s des deux ESRP ont procédé, soit pour inviter des salarié·e·s en place (formatrices ou travailleuses sociales) à se reconvertir dans ce nouveau travail d'accompagnement «hors les murs», soit pour recruter de nouvelles arrivantes dans les établissements. Nous relaterons ici les difficultés rencontrées pour identifier des profils idoines et des qualifications pertinentes au regard de leurs propres représentations de ce que doit être accompagner des personnes dites « handicapées » d'une manière qualifiée « d'ambulatoire » plutôt que « d'institutionnelle ». Nous observerons ensuite de quelles manières ce métier est investi par ces professionnelles. Celles-ci semblent en premier lieu disposer d'une certaine autonomie et doivent faire face à une importante hétérogénéité de leurs activités (« diagnostic de départ et identification des fragilités » pour l'équipe médico-sociale, « coach » ou «psychologue de fortune » pour les stagiaires, médiation avec les organismes de formation, promotion du dispositif pour des prescripteurs, etc.). Nous verrons de quelle manière les expériences passées de ces « référentes parcours » produisent chez elles des discours différenciés sur le sens de leurs pratiques professionnelles, au même titre que d'autres professionnelles de l'accompagnement en milieu ordinaire (Bas, 2017). Nous questionnerons plus largement la dynamique de professionnalisation (Demazière, 2009) de ces travailleuses en analysant une figure de l'un de ces « nouveaux métiers » liés au développement de l'accompagnement des transitions professionnelles des demandeur·se·s d'emploi (Couronné et al. 2020) et à l'encadrement social des personnes handicapées dans un environnement qui se veut inclusif (Katz, 2021). 

Le protocole de l'enquête qualitative repose sur des entretiens approfondis et nous avons retenu, pour plusieurs catégories d'acteur·trices, un suivi longitudinal à partir d'entretiens répétés. Pour cette communication, nous mobiliserons les 3 vagues d'entretiens menés auprès des porteurs du projet (n=2), des dirigeant·e·s des ESRP (n=4), des coordonateur·trice·s du dispositif (n=2) et des référentes parcours (n = 6).



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