Si le concept de désinstitutionalisation est souvent mobilisé pour qualifier le mouvement amorcé dans l'après Seconde Guerre Mondiale visant la sortie de l'asile pour la réinscription des malades dans la communauté, ce mouvement se limite le plus souvent au seul processus que l'on peut qualifier de déshospitalisation (Klein, Guillemain, Thifault, 2018). L'emprise de l'institution psychiatrique est encore prégnante pour de nombreuses personnes vivant avec des troubles psychiques en France et l'hôpital le lieu d'une prise en charge déshumanisée et violente (Mougeot, 2020).
Depuis 2019, l'étude DAiP (directives anticipées incitatives en psychiatrie) dirigée par Aurélie Tinland expérimente un modèle de directives anticipées en psychiatrie accompagnées par des pairs-aidants (Tinland et al., 2018 ; Mougeot, Tinland, 2021). Elle a été l'occasion de prendre la mesure de la manière dont les personnes vivant avec des troubles psychiques font l'expérience du système de santé mentale et d'engager une réflexion sur la violence des soins en psychiatrie (Mougeot, Benetos, Simon, 2021), notamment par le biais d'une enquête qualitative auprès des parties prenantes des sites expérimentaux : Paris, Lyon et Marseille.
A partir d'un matériau qualitatif recueilli par entretiens et focus groupes auprès de personnes vivant avec des troubles psychiques et de professionnel.le.s de santé mentale, cette communication portera sur la manière dont la rédaction de directives anticipées en psychiatrie rend visible l'incomplétude du processus de désinstitutionalisation en France. Elle invitera à penser les conditions de l'autodétermination des personnes vivant avec des troubles psychiques et la manière dont les directives anticipées en psychiatrie peuvent œuvrer à la transformation du système de santé mentale.
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