SESSION - Histoire(s) d'institutions et de la désinstitutionnalisation au XXe siècle.
Gildas Bregain  1@  , Mariama Kaba  2, 3, *@  , Jérôme Bas  4, *@  
1 : Univ. Rennes, CNRS, Laboratory ARENES - UMR 6051, F 35 000 Rennes, France
CNRS : UMR6051
2 : Interkantontale Hochschule für Heilpädagogik, Zürich
Schaffhauserstr. 239 Postfach 5850 8050 Zürich -  Suisse
3 : Institut des humanités en médecine, CHUV-Université de Lausanne
4 : Céreq
Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq)
* : Auteur correspondant

Cette session se compose de trois communications sur l'histoire des institutions et de la désinstitutionnalisation au XXe siècle. L'analyse du fonctionnement des institutions, et de la dynamique de désinstitutionnalisation sur plusieurs décennies, permet d'apporter un regard plus nuancé et complexe sur les institutions et la dynamique de désinstitutionnalisation. L'approche historique permet de documenter la complexité des relations entre internés et institutions, et d'évoquer les multiples résistances à l'institutionnalisation. Elle permet de montrer que la dynamique de désinstitutionnalisation est à la fois très ancienne, genrée, et variable selon le type de handicap. Gildas Brégain (Historien, chercheur au CNRS) abordera la question de ‘‘La « désinstitutionnalisation » précoce des hommes aveugles dans la France métropolitaine pendant la première moitié du XXe siècle''. Cette communication visera à analyser les raisons de ce processus de désinstitutionnalisation, qui s'avère éminemment genré : Entre 1901 et 1946, on constate la diminution du nombre d'hommes aveugles en institutions, et l'augmentation parallèle du nombre de femmes aveugles en institutions dans la France métropolitaine. Cette désinstitutionnalisation est liée à un idéal genré de l'émancipation au sein des mouvements associatifs d'aveugles. Alors que l'idée de foyer est considérée comme attentatoire à la liberté des hommes aveugles et à leur vie en société dès la fin du XIXe siècle, elle est au contraire présentée au cours de l'entre-deux-guerres comme l'alternative idéale à la vie de famille pour les femmes aveugles isolées par plusieurs dirigeants associatifs et intellectuels. Jérôme Bas (sociologue, post-doctorant au Céreq), reconstituera l'histoire de l'hôpital de Garches, une grande institution hospitalière française spécialisée dans la rééducation des séquelles de la poliomyélite. À partir d'archives et d'entretiens, il rend compte de la vie quotidienne dans l'établissement, aussi bien sur le plan de la rééducation physique que de l'éducation scolaire qui est donnée aux jeunes pensionnaires de l'hôpital, parfois durant des années. Il montre ensuite comment cette socialisation institutionnelle est en partie à l'origine du point de vue anti-institutionnel de certain.es militant.es pour la déségrégation physique et symbolique des personnes handicapées des années 1960-1970. L'historienne Mariama Kaba se fera la porte-parole d'un groupe de recherche de la Haute Ecole intercantonale de pédagogie curative de Zurich (rassemblant Dr. Mariama Kaba, MA Viviane Blatter, Prof. Dr. Carlo Wolfisberg, Prof. em. Dr. Susanne Schriber), et exposera sur la thématique “Vivre en institution en Suisse entre 1950 et 2010: Expériences vécues d'enfants et adolescents avec handicaps physiques ou multiples”. Les enfants et adolescents institutionnalisés en Suisse à cette période se sont trouvés dans une situation de forte dépendance avec une participation limitée à la vie sociale. Les bénéficiaires des pratiques institutionnelles ont déclaré avoir vécu des expériences valorisantes mais aussi coercitives et parfois traumatisantes dans ce contexte de l'aide sociale.



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